Quel lien y a-t-il entre le profil personnel d’un individu et son projet professionnel ? À quels défis font face les bénéficiaires d’un bilan de compétences dans le contexte actuel ? Quel est le rôle du consultant ? Sommes-nous tous égaux devant la perte de sens au travail ? En plus de 20 ans d’expérience dans l’évolution professionnelle, Martine Travaillé a observé des changements profonds dans la manière dont les outils RH résonnent et raisonnent en nous. Décryptage d’une discussion passionnante avec une experte en RH passionnée ! ( article Vastrh) Tenir compte du profil personnel dans le projet professionnel Quelques années en arrière, le bilan de compétences impliquait la concentration du conseiller et du bénéficiaire sur le seul environnement et projet professionnels. Aujourd’hui, notre experte en psychologie et bilan de compétences se donne plus de latitude, partant du principe que tout projet professionnel est nécessairement lié à un contexte personnel. « On ne peut pas ne pas tenir compte des problématiques personnelles » affirme Martine. Par exemple, une personne qui, a une confiance en soi amoindrie sera d’autant plus affaiblie en cas de harcèlement au travail. En outre, « un projet professionnel est toujours lié à un projet d’entreprise » indique Martine Travaillé. « Si les deux ne sont pas équilibrés, il y a dissonance ». Dans ses propos, notre coach met en avant l’importance, pour l’entreprise en quête de réussite et de profitabilité saine, de tenir compte de la diversité et de la richesse des profils. Les salariés sont devant des projets d’entreprise qui ne leur correspondent plus Au gré de l’évolution technologique et de la course à la productivité, dans un contexte de crise sanitaire difficile pour beaucoup, les individus font face à des projets d’entreprise qui ne correspondent plus à leur personne. « On en demande de plus en plus aux salariés » indique Martine Travaillé. Dans son bureau, elle accueille des bénéficiaires qui ne sont pas (ou plus) en accord avec les exigences de l’entreprise. Pour Martine, le projet de l’entreprise doit prendre en compte le projet individuel. Or, l’organisation peut aller à contresens du confort humain. Les faits et chiffres sont formels : le nombre de personnes qui ne se sentent plus bien au travail est en augmentation. Au-delà de ce qui ne fait plus lien avec l’entreprise, il s’agit aussi de trouver la source des problématiques plus personnelles, en dehors de la sphère professionnelle. « Nous sommes tous mus par des schémas neuronaux », explique Martine. Mon travail est d’accompagner la personne dans le repérage des schémas dysfonctionnels pour les rendre fonctionnels dans un contexte plus actuel ». Martine se sert d’outils empruntés à la Thérapie des schémas. Se poser, identifier l’origine de son mal-être, comprendre et changer de schémas La mise à jour des schémas neuronaux – ceux à l’origine du ou des comportements à modifier parce qu’inadaptés – est une tâche quelquefois ardue. Elle nécessite de se poser, de prendre du recul. Un exercice difficile lorsque l’émotion est encore bien présente. Se poser est nécessaire pour détricoter le mécanisme à l’origine du mal-être. Détricoter pour retricoter un chemin neuronal plus approprié. Un accompagnement individuel s’étend sur dix séances d’une heure. Une durée souvent suffisante pour s’approprier des outils. L’entretien initial commence souvent par : « Je suis noyé(e) ». La personne sent une forme d’emprise et il s’agit, pour le consultant, de décortiquer le mouvement de la pensée, d’identifier quelle pensée automatique induit un comportement qui génère de la souffrance. Le rôle de Martine est de transformer la pensée automatique en pensée adaptée. L’objectif est de supprimer la charge émotionnelle associée à la pensée : un exercice délicat, puisque la pensée automatique vient tout droit de l’inconscient. De séance en séance, le travail permet à la personne de se rendre compte qu’elle peut agir sur ses pensées automatiques. « C’est un peu comme lorsque l’on apprend à jouer de la guitare » explique Martine, « au début, le mouvement des doigts qui se baladent sur le manche n’est pas naturel. Il faut penser le mouvement, l’anticiper, préparer la note suivante. Après, tout devient automatique. » Inégalités par rapport à la situation actuelle et à la perte de sens Nos différences nous amènent à penser, agir et réagir au monde selon des mécanismes qui nous sont propres. Nous ne vivons pas la crise sanitaire actuelle de la même manière. Elle peut être, pour certains d’entre nous, une invitation au changement ; une opportunité à rebondir. Elle s’avère être pour les autres un véritable obstacle et une source de fragilisation. Face à ce double sens du sens donné aux événements, l’accompagnement consiste à comprendre et se comprendre pour pouvoir se projeter au mieux de qui nous sommes. Titulaire de plusieurs masters et d’un parcours en psychanalyse et psychologie, Martine Travaillé a aussi parcouru le monde et fait l’expérience de la réussite, du doute et de la remise en question. Aujourd’hui, elle œuvre avec passion pour répandre plus largement en France la Thérapie dite des Schémas Précoces, approche plus largement développée aux Etats-Unis par J. Young, son fondateur. Inspirée par des maîtres à penser comme Irvin Yalom, elle œuvre en créant des liens et en puisant de son vécu des exemples qu’elle n’hésite pas à partager, faisant ainsi de ses accompagnements une alliance qui lui est propre. Elle dit, avec beaucoup d’humilité, qu’une alliance thérapeutique est une œuvre d’art tant ce partage peut être sublimant.
A très vite
Sandra
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